Tel est la question qui m’est souvent posée. Je vais tâcher d’y répondre de façon compréhensible.
La céramique
Au sens le plus large, la céramique englobe toutes les terres qui ont été chimiquement transformées par la chaleur. Ainsi, nous pouvons considérer tous les métaux, tous les verres et toutes les argiles cuites comme céramique. Quand on regarde de près les activités des industries d’extraction minière, on voit d’ailleurs bien comment tous ces matériaux sont liés. Par contre, les pierres précieuses, qui ne se transforment pas par la chaleur, ne sont pas considérés comme céramiques.
Mais dans un sens un peut plus restreint, la céramique, ce sont uniquement les terres cuites qui ont subi une telle transformation que même en le fondant de nouveau, on ne récupère pas le matériau de base. Ce qui exclus de fait les métaux et les verres de la dénomination céramique.
Poteries et céramique technique
Dans ce cas, la céramique englobe toutes les poteries en faïence, en grès, en porcelaine à pâte tendre et en porcelaine à pâte dure d’un côté et toutes les céramiques techniques d’un autre côté. Celles que vous retrouverez dans les robinets, sur les vaisseaux spatiaux, les couteaux céramiques, les vitres de poêles, les pistons de moteur à explosion, etc.
Dans la vie de tous les jours et dans les commerces, ce que nous dénommons céramique, c’est la vaisselle et les sculptures en terre cuite. Les potiers et les céramistes industriels utilisent pour cela principalement trois terres : la faïence, le grès et la porcelaine. Je les ai mis dans l’ordre de dureté et de température de cuisson.
La faïence
La faïence est une terre argileuse que nous trouvons surtout dans les affluents de rivières et de fleuves. Elle se cuit à des températures comprises entre 960 °C et 1060 °C. La faïence peut avoir différentes couleurs : celle de Quimper et de celle de Gien est plutôt claire, presque blanche, mais les Terracotta d’Italie sont toujours dans des tons de rouge et de marron.
La faïence ne se déforme pas au grand feu et de ce fait, le potier peut la cuire posé sur des petits picots. A contrario des autres céramiques qui nécessitent toujours un appui stable. Quand la pièce est cuite de cette façon, vous ne verrez nulle part sur la pièce la couleur de la terre, uniquement la couleur de l’émail.
La faïence doit toujours être émaillée, sous peine de rester perméable à l’eau. La faïence n’est pas très dure. Si vous avez une pièce où l’on voit là une partie non émaillée, on peut rayer la faïence à cet endroit avec un couteau, Sinon ce n’est pas de la faïence. Une autre méthode pour reconnaître la faïence est de tapoter doucement sur le bord avec une cuillère. Le son entendu sera mat : « poc », et ne chante pas.
Le grès
Le grès est une terre beaucoup plus dure et solide. C’est la terre préférée des potiers tourneurs et des sculpteurs en céramique. Elle se cuit entre 1160 °C et 1300 °C selon sa provenance. C’est une terre qui se trouve plutôt dans les massifs sous forme de roche. Elle devient friable sous l’action de l’eau et le gel, ou sous forme de terre argileuse dans le sol. Le grès se trouve dans la nature en différentes teintes allant de blanc cassé à noir en passant par tous les tons de gris et de rouge. Elle se tient bien au modelage et à la cuisson. De plus, en la cuisant entre 1250°C et 1300 °C, elle peut devenir étanche sans émail.
Cette terre de grès est aussi particulièrement bien recommandée pour des techniques comme le raku, qui demandent une grande résilience de la part de l’argile. On peut aussi utiliser une multitude de techniques de finitions sur cette terre. On peut la laisser brute, la polir avec de la cire, ou de la fumée. Y appliquer des glaçures de sel, une couverte ou un émail coloré. Il est aussi relativement aisé de mélanger différents grès dans une même réalisation pour obtenir des effets marbrés.
Cette terre nécessite de garder une assez forte épaisseur. Pour la reconnaître, on remarquera son poids. Pour un objet de même taille le grès est bien plus lourd que la faïence. En essayant de rayer le grès avec un couteau, vous abimerez le couteau, pas le grès. Et quand on le tapote avec une cuillère le son est plus clair « pong » et un peu plus chantant.
La porcelaine
Enfin, la porcelaine est une terre rare qui se trouve à l’état naturel uniquement en sud-est Asie. Les Chinois, les Japonais et les Coréens travaillent la porcelaine depuis 5 000 ans. Nous avons découvert la porcelaine que durant les illustres années des Compagnies des Indes. Les céramistes de Delft ont essayé de reproduire l’aspect extérieur de la porcelaine en émaillant la faïence avec des émaux d’étain blancs et en dessinant dessus des décors très fins en bleu de Cobalt, une autre matière importée de là-bas.
Dès lors, les Rois et les Empereurs de l’Europe des lumières donnent ordre à leurs Manufactures Royales de trouver la recette de ce fameux « Or Blanc ». Les Manufactures de Sèvres, Limoges, Mayence, St. Pétersbourg et de Tourcoing trouvèrent dans les mêmes décennies du 18e siècle les recettes de la porcelaine. Nous avons donc toujours 4 500 ans de retard sur les pays de l’Orient lointain. Néanmoins, ces manufactures fabriquent toujours des merveilles d’un luxe incomparable.
l’Aspect de la porcelaine
La porcelaine est presque toujours blanche. Il n’y a que celle d’Asie qui parfois est de couleur franchement grise ou marron. Ceci est dû aux impuretés que l’on trouve dans les terres extraites de façon naturelle. En Europe, nous composons nos terres de porcelaine par mélange de Kaolin, Feldspath et Quartz et quelques autres ingrédients pour affiner la recette. Et nous purifions tous ces ingrédients pour obtenir une blancheur incomparable. La porcelaine à pâte dure se cuit entre 1250 °C et 1500 °C. Celle à pâte tendre (Sèvres) à 1160 °C, ce qui permet une meilleure tenue à la cuisson et donc des formes plus exubérantes.
La porcelaine est translucide et elle chante longtemps -comme une cloche- quand on tape doucement sur le bord. À la cuisson, elle fond jusqu’à devenir complètement étanche. Une fois cuite, elle est plus dure que l’acier, et on ne peut la couper uniquement avec un diamant. La porcelaine est un des matériaux les plus solides qui existent sur la terre, c’est pour cela qu’on peut se permettre d’en faire des objets si fins. Qui, eux, au contraire sont connus comme étant de la vaisselle fragile. On couvre la porcelaine rarement avec des émaux colorés. On lui préfère une couverte transparente avec un décor en sur- ou en sous émail. Ainsi, l’éclatante porcelaine joue tout son rôle d’Or Blanc. Mais moi, j’aime utiliser des couleurs éclatantes en combinaison avec la blancheur et la transparence de la porcelaine fine. Ce qui fait, entre autres, l’unicité de mes créations.